À travers ces photomontages je tente de projeter une durée. Par un principe de superpositions et un jeu de transparences, je veux traduire une sorte de « point de fuite temporel » qui mette en perspective l’instant de la prise de vue photographique.
Les photographies utilisées sont des traces que j’accumule. En les superposant, je compose une vision intérieure où les flous se confrontent à des détails, formant une image plus ou moins fuyante et résolue.
Je veux suggérer ainsi le mouvement de la mémoire, confrontant des espaces-temps multiples pour n’en former plus qu’un : celui du souvenir.
Grâce aux différentes possibilités d’arrangement des couches qui les composent, ces photomontages contiennent potentiellement un nombre infini de paysages et de portraits. Ce principe de série, sorte de « répétition jamais tout à fait identique », découle du souvenir lui-même, en perpétuelle re-formation, comme une sorte de traduction infinie d’un seul et même sujet.

Dorothée Marot